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I. Zur Alterthumskunde

im engern Sinne.

1. Vorchristliche Zeit.


a. Im Allgemeinen.


Bericht des Herrn Troyon aus Lausanne über die nordischen Alterthümer und deren Bearbeitung.

Stockholm, 15. Avril, 1846.

Très honoré Monsieur.

S i je ne Vous ai pas encore donné une relation du voyage que je Vous avais annoncée l'année dernière, c'est que, comme Vous le voyez par cette lettre, je me suis arrêté en chemin. Arrivé à Stockholm, je trouvai la collection d'antiquités fermée, à cause de l'absence de son directeur Mr. Hildebrand; j'attendis long temps et ne voulant pas être venu pour rien, j'ai remis la fin de mon voyage à cette année. L'obligeance de Mr. Hildebrand m'a pleinement dédommagé de ce retard, et j'emporterai de son musée bon nombre de dessins et d'empreintes, mais je crains bien de ne faire que Vous répéter ce que Vous connaissez déja. Quoiqu'il en soit, j'essaierai une esquisse générale, et si Vous désirez plus de dètails sur certains points spéciaux, Vous voudrez bien me le faire savoir.

L'étude des antiquités de la Suede présente d'assez grandes difficultés, parcequ'il manque de recherches dirigées dans un but archéologique et qu'il est rare de pouvoir apprendre, dans quel genre de tombeaux se trouvaient les objets réunis dans les collections. La plupart des auteurs qui ont écrit sur ce sujet,

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parlent bien plus de l'extérieur des monumens que de leur Intérieur. En un mot, il manque une statistique exacte des antiquités trouvés dans chaque province, travail indispensable pour pouvoir élever un système sur une base solide. Je me bornerai donc essentiellement à la citation des faits parvenus à ma connaissance.

Une différence assez sensible se présente entre les monumens de la partie la plus méridionale de la Suède, la Scanie entr'autres, et les autres contrées du pays. Au midi, même genre et même richesse d'antiquités que dans la Seeland: grands tombeaux avec salles sépulcrales, nombreux objets en pierre et en bronze. Au nord, la pierre et le bronze sont plus rares, le fer parait prédominer, en Norvège surtout, et les tombeaux avec salles de pierres n'y ont guère été remarqués. En Dannemark, on ne voit pas que je sache de Men-hirs, tandis que la Suède en possède plusieurs. Dans ce pays les arrangemens de pierres pour le couronnement des anciens rois, pour les sacrifices, les jugemens et les assemblées du peuple sont nombreux. On en voit representant la figure d'un cercle, d'un carré, d'un triangle aux côtés droits ou rentrans, ou d'un vaisseau avec ses mâts. Des arrangemens pareils entourent parfois la base d'un tumulus, ses côtés ou même son sommet. Quant aux pierres runiques elles sont généralement isolées et recouvrent presque toujours des tombeaux chrétiens. - Jusqu'à présent je n'ai pas de renseignemens positifs sur les retranchemens en terre des temps payens; ils paraissent avoir été plus généralement formés par des murs secs élevés sur des lieux présentant ordinairement une fortification naturelle. - Les tumuli existent en fort grand nombre. Certaines contrées sont couvertes de mamelons, dans lesquels on trouve souvent des urnes cinéraires avec des objects en fer. Un tumuli ouvert en Westrogothie mérit une mention particulière. Il recouvrait une salle sépulcrale en forme de T. Le long des parois de laquelle étaient des espèces de sarcophages à peuprès cubiques renfermant quelques instrumens en pierre et des squelettes d'hommes, qui n'avaint pu y être deposés qu'accroupis 1 ). Quoiqu'on ait dit à


1) Ueber die hockende Stellung alter Leichen vgl. man unten das Begräbniß von Plau in der Abtheilung der Urvolkgräber: S. 400 flgd.
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cet égard, cette manière de reployer le mort ne me semble guères l'attitude d'une personne assise. Ce fait n'est du reste pas unique. Mr. le Prof. Wiggert m'a dit que cette position avait été observée dans les environs de Magdebourg. J'ai mentionné dans ma Descript. des Tomb. de Bel-Air la même attitude dans les tombeaux les plus anciens du Canton de Vaud. Enfin j'ai vu à Berlin, chez mon compatriote le Dr. Tschudi, des momies qu'il avait rapportées du Pérou, dont les bras et les jambes étaient violemment reployés sur la poitrine et liés avec des cordes, évidemment dans un autre but que pour les tenir assis. Je sais que la position assise se retrouve aussi, mais elle diffère de celle dont je parle et on doit l'en distinguer. J'émettrai à cet égard une hypothèse que Mr. Jb. Grimm m'a fait l'honneur de citer dans le supplement de la dernière édition de sa mythologie allemande. Avec les momies de Mr. Tschudi, se trouvait celle d'un oiseau dont la tête était reployée vers l'aile gauche et les pattes ramenées sur le thorax, tandis que les oiseaux déposés dans les tombeaux égyptiens sont généralement étendus. Cet oiseau péruvien me rappela la position du jeune oiseau dans la coquille, et les squélettes humains, celle de l'embryon. La terre, dans la plupart des anciennes mythologies, étant considerée comme la mère universelle du genre humain, il me parait qu'on a voulu donner à l'homme la position de l'embryon en le faisant rentrer dans le sein de la mère universelle, avec la foi à une nouvelle naissance. Ce fait nous revélerait donc la croyance à une vie à venir, et cette foi était commune aux Gaulois, aux Germains, aux Scandinaves, ainsi qu'aux anciens Péruviens, ce dont je me suis assuré.

On a retrouvé dans quelques provinces suédoises, entr'autres en Wermland, des tombeaux construits avec de grandcs pierres et qui ne paraissent pas avoir été recouverts de collines. Le peuple les appelle les tombeaux des géants. Ils ont 12 pieds de long sur 4 de large; ce qu'ils renferment je n'ai pu le savoir. - On trouve aussi dans quelques endroits des urnes cinéraires deposées en grand nombre dans le sol, les unes à côté des autres, ce fait est du reste commun à la Poméranie. - Après ce coup d'oeil rapide sur les principaux monumens, je vais passer aux collections, mais

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en faisant observer que plusieurs des objets qui y sont réunis, ont été decouverts en terre sans trace de tombeaux dans des marécages ou parfois aucun dans des lacs.

Aprés avoir vu l'étonnante quantité des objets en pierre et en bronce receuillis dans la musée de Copenhague, on trouve pauvres à cet égard les collections de la Suède; mais il ne faut pas oublier que cette pauvreté serait une richesse pour un autre pays, Mecklenbourg-Schwerin excepté. Le coin en silex est commun. Les haches percées ne sont pas rares; quelques-unes sont terminées à une extremité par un tranchant, à l'autre par un marteau. A Calmar, chez Mr. le Dr. Eckman, j'ai vu une forme particulière. La pièce vue de côté présente la forme d'un losange irregulier et une épaisseur d'un à 2 pouces. On voit aussi dans les collections de Suède de beaux poignards en silex, des pointes de flêche et de lance, des ciseaux, des scies diverses et même des espèces de percets encore en silex, mais qui paraissent essentiellement de l'ile de Rügen. Le musée de Stockholm ne possède presqu' aucun vase en terre cuite, non qu'ils manquent dans les tumuli, mais parcequ'on les a presque toujours brisés sans les recueillir. A peine y en a-t-il 3 ou 4 en bronze. - Les épées de ce métal ont presque toujours une lame qui va se rétrécissant depuis la poignée pour s'élargir avant la pointe; la poignée est quelques fois ornée de spirales, d'autres fois elle a du être d'une autre matière que la lame. Jci, comme ailleurs, celts, pointes de lance, colliers et bracelets en bronze. - Les épées en fer paraissent être d'un usage fort ancien en Suède; elles sont généralement plus longues et plus larges que celles en bronze. Les tranchans de la lame sont parallèles et se recourbent brusquement vers la pointe. Plus tard, la croisière et le pommeau se recouvrent d'incrustations de filets d'argent. Une de ces pièces trouvée en Norvège, présente des entrelacs très pareils à ceux de mes agrafes de Bel-Air. Deux haches en fer des environs de Stockholm, sont également incrustées d'argent. L'age de ces pièces ne me parait par anterieur au 10 e siècle. L'argent s'incruste aussi sur le bronze dans les derniers temps payens, comme l'indiquent les monnaies trouvées avec ces objets. Grande est la variété des boucles, des fibules et des

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broches. Les agrafes, beaucoup plus rares, ne présentent plus les fines rayures des temps primitifs, elles sont profondement ciselées et parfois dorées et ornées de verres rouges. Quelques pièces offrent des entrelacemens modernes de l'Islande; elles témoignent ainsi d'un art scandinave et d'un art autre que celui des objets byzantiens déposés en grand nombre dans le sol de la Suède. - Il me resterait beaucoup à dire sur l'abondance des antiquités en métaux précieux employés pour colliers, bracelets, medaillons, broches et même pour grains de collier. J'ajouterai seulement en terminant que l'argent est beaucoup plus rare à Copenhague que l'or, tandis qu'à Stockholm il s'y retrouvre presqu' en même quantité.

Veuiliez, Monsieur, agréer etc. .

Troyon.     

Monsieur
Monsieur Lisch,
 
  archiviste, secrétaire de la société archéologique
et historique de Mecklenbourg-Schwerin.
  Schwerin.